« Frankenstein » sur Netflix : La monstruosité de la création

Le réalisateur oscarisé Guillermo del Toro voue une véritable passion au fantastique. Et surtout, il adore les monstres. Dans ses films comme « Le Labyrinthe de Pan », « La Forme de l'eau » et « Hellboy », les créatures monstrueuses ne sont en aucun cas de pures incarnations du mal, mais représentent plutôt ce qui est indésirable et anormal : incompris et ostracisé par la société. Il était donc inévitable que del Toro – qui a aménagé une pièce dédiée à Frankenstein dans sa « Maison d'Âpre-Vent » – ose adapter à l'écran le célèbre roman de Mary Shelley Wollstonecraft. Car la créature de Frankenstein est sans doute le monstre le plus célèbre de l'histoire du cinéma : à la fois menaçante et tragique, un être étranger malgré lui, assemblé et animé à partir de morceaux de corps par son créateur ambitieux. Aujourd'hui, del Toro a enfin réalisé son rêve, exprimé pour la première fois en 2007 : en tant que réalisateur, producteur et scénariste, avec un budget de 120 millions de dollars. Son « Frankenstein » est sans conteste l’adaptation cinématographique la plus élaborée et la plus somptueuse de l’histoire, encore plus que « Frankenstein de Mary Shelley ».
Cette version actuelle de Frankenstein présente plusieurs similitudes avec le film de Kenneth Branagh de 1994 : elle est plus fidèle à l’œuvre littéraire que les autres adaptations, elle reprend le thème de la banquise éternelle du pôle Nord, et elle mise autant sur des émotions fortes que sur des scènes de violence assez explicites. Cependant, là où la version de Branagh paraissait décousue et peu crédible dans le développement de ses personnages, Guillermo del Toro les maîtrise bien mieux.
Berliner-zeitung




