Le droit de grandir dans une famille, même si ce n'est pas la famille d'origine

Chaque 31 mai, on commémore la Journée du placement familial, une date qui nous invite à réfléchir sur quelque chose d’essentiel : le droit de chaque enfant et adolescent à grandir dans une famille.
Le placement en famille d'accueil est une alternative concrète au placement résidentiel ou en institution, et permet aux enfants et adolescents séparés de leur famille de traverser cette période accompagnés d'adultes responsables dans un cadre familial temporaire. C'est une façon d'éviter l'institutionnalisation, en privilégiant l'affection et la proximité. Les familles qui s’engagent dans cette tâche le font avec générosité et empathie, en offrant du temps, du soutien et de l’écoute, sans remplacer les liens, mais en ouvrant plutôt de nouvelles opportunités.
Bien que les recommandations internationales soulignent l’importance d’éviter le placement en institution, en particulier pour les enfants de moins de cinq ans, le placement en famille d’accueil n’est pas encore suffisamment développé en tant que politique publique dans notre pays. Dans de nombreuses provinces, cette option n’existe même pas concrètement, ce qui révèle un déficit structurel dans le système de soins alternatifs.
Selon le dernier rapport mis à jour par l'UNICEF sur les enfants et les adolescents sans protection parentale en Argentine (2020), sur un total de 9 754 garçons et filles bénéficiant d'une protection alternative, seulement 12 % se trouvent dans un cadre familial. Les 88 % restants restent dans des appareils résidentiels. Plus de cinq juridictions ont des pourcentages atteignant à peine 1 %, et dans beaucoup d’autres, le nombre ne dépasse pas 6 % ou se limite à un ou deux cas. Cela montre à quel point cette alternative est encore marginale.
Cette réalité a des conséquences. D’une part, laisser des enfants sans environnement familial va à l’encontre des normes établies par les Lignes directrices des Nations Unies sur la protection de remplacement. D’autre part, le manque d’options viole le principe de nécessité et d’adéquation qui devrait régir toutes les mesures de soins. Si l’État ne garantit qu’une seule modalité – celle institutionnelle – il ne répond pas de manière adéquate aux différentes trajectoires et aux différents besoins des enfants.
Le placement familial permet aux enfants et aux adolescents d’être pris en charge par des adultes responsables dans un environnement bienveillant. Les familles qui participent à cette modalité ne remplacent pas les relations, mais offrent plutôt du soutien, du temps et de la stabilité pendant que la solution finale la plus appropriée pour l’enfant est déterminée.
Derrière chaque expérience de placement en famille d’accueil se trouvent des personnes qui ouvrent leur maison et leur vie quotidienne pour soutenir un enfant. Il existe des équipes techniques qui soutiennent le processus et un cadre institutionnel qui comprend que les soins sont une responsabilité partagée.
L'accueil familial ne remplace pas la famille d'origine ou d'adoption : il s'agit d'une forme de prise en charge temporaire , axée sur le bien-être de l'enfant pendant que sont définies les mesures les plus appropriées pour son avenir.
Depuis notre organisation, nous continuons à promouvoir la place du placement familial dans l’agenda public. Nous croyons que l’État, les organisations et la communauté doivent travailler ensemble pour renforcer cette politique, en élargissant sa portée et en reconnaissant son énorme valeur en tant qu’outil de restauration des droits.
En ce jour, nous voulons remercier toutes les personnes qui font déjà partie de ce chemin : celles qui ont ouvert leur maison, celles qui y pensent et celles qui travaillent chaque jour pour que le placement familial cesse d’être une exception et devienne une politique réelle et durable. Parce qu’aucun garçon ou aucune fille ne devrait grandir sans une famille qui l’accueille, prend soin de lui et l’écoute.
Directeur national de SOS Villages d'Enfants

lanacion