Mon beau village. Morvillars, un jardin en terre industrielle et un haut lieu du patrimoine

Morvillars, son église illuminée by night, son carré militaire intercommunal et nécropole, son entreprise leader mondial, ses forêts et ses sept châteaux : un village à part dans l’histoire du Territoire de Belfort. C’est ici qu’est venue Marie Curie, avec son tout nouveau camion radiologique, le 4 novembre 1916, à l’invitation de Louise Viellard (1885-1956), alors appelée « Madame Louis » : le château du centre était devenu un hôpital annexe, proche de la ligne de front. Les forges animaient tout un bassin industriel. Les « patrons » faisaient aussi de la politique à Paris.
L’histoire ancienne rejoint la moderne dans cette commune attachée à ses racines, à ce passé glorieux où le cœur bat en bleu-blanc-rouge : l’esplanade du centre-ville, qui concentre école primaire, collège, cabinet médical, stade et 26 logements fraîchement rénovés dans des bâtiments du patrimoine vient juste de prendre le nom de « Madame Louise ». Saluée pour son courage de résistante et sa vaillance d’infirmière, cette épouse d’industriel devenu sénateur incarne droiture et engagement.
Les valeurs de la République savent encore rassembler à Morvillars. Dans ce village traversé par l’Allaine, où les castors se sont réimplantés, une petite structure est en train de devenir une grande sur fond de mobilisation patrimoniale : l’Association pour la restauration et la sauvegarde de l’église (APRS) a réussi plusieurs tours de force. À force de concerts, qui remplissent une église grande comme une cathédrale, de repas et de joie de vivre, elle a réuni assez de fonds pour rénover totalement la sacristie. Elle vient aussi de gagner un concours régional, offrant 8 000 euros pour rénover une toile du grand peintre Jean-Jacques Henner, dont les études ont été financées par la famille Viellard.
La famille Viellard : forcément, ce nom de maître de forges se retrouve partout, au détour des éléments de patrimoine jusqu’à l’économie actuelle. Juvénal Viellard-Migeon, politicien né en 1803 à Belfort, pose les bases d’un futur empire industriel à la mode paternaliste dont le berceau est Morvillars. Le fer fondu est devenu hameçon et c’est ici, en cœur de village, que se fabrique l’hameçon triple, inégalé à ce jour, distribué par Rapala. La petite forge est une holding qui se décline en branches dédiées à l’innovation.
Côté maires, des lignées apparaissent aussi. Armand Viellard (mandat de 1871 à 1905) cède sa place à son fils Louis (1905 à 1945). Après-guerre, Henri Monnier est élu (1945-1966). Il laisse son siège à son fils, Jean Monnier (1967 à mai 2011), figure de la commune. Depuis le 2 juillet 2011, Françoise Ravey porte l’écharpe à son tour. Pas de lien de sang, mais un lien de cœur : native de Morvillars, ex-Miss Franche-Comté, Françoise Ravey « donne tout » pour son village. Et mobilise un conseil municipal qui entretient bonne gestion et convivialité, environnement et respect des anciens.
Se promener à Morvillars passe par le musée privé VMC au château Léon (sur demande), la fontaine-lavoir, l’église Saint-Martin, les tilleuls de l’esplanade Louise. Les chemins mènent à Méziré, Bourogne, Froidefontaine… ou à la petite gare à mi-chemin entre Belfort et la Suisse. L’Eurovéloroute passe ici. L’hôpital est à onze minutes. Morvillars, entre esprit de village et équipements citadins… a tout d’une grande !
L'Est Républicain