Qui pour réparer la couronne de l’impératrice Eugénie retrouvée après le cambriolage du Louvre ?
Laurence des Cars a révélé que la couronne aux 2490 diamants et 56 émeraudes pourra être restaurée. Il y a fort à parier qu’elle sera confiée à un atelier de haute joaillerie de la place Vendôme... qui pourrait également en devenir le mécène.
Enfin une bonne nouvelle dans le flot d’informations consternantes concernant le cambriolage du Louvre du 19 octobre dernier. La présidente du Louvre, Laurence des Cars, a en effet déclaré ce vendredi matin sur France Info que la couronne de l’impératrice Eugénie, volée par les malfrats mais retrouvée le jour même, allait être restaurée et «certainement» de nouveau exposée. « Les premières constatations faites par l’équipe du département des objets d’art confirment que la couronne a été endommagée, sans doute au moment de l’extraction de la vitrine, par la petite fente pratiquée par la disqueuse, a-t-elle ajouté. Les pièces les plus importantes, les diamants et les émeraudes, sont intactes. Il manque toutefois quelques petites pièces de diamants et un aigle d’or sur les huit qui étaient présents sur la couronne.»
La semaine dernière déjà, Olivier Gabet, le directeur du département des objets d’art du musée précisait dans Le Monde que la couronne «a été trouvée par les enquêteurs au pied de la galerie d’Apollon , au sol. L’état dans lequel elle se trouve n’est pas dû à sa chute, comme on a pu le lire, mais à son extraction des vitrines. (...) Les vitrines n’étaient pas brisées, mais présentaient une découpe étroite, par laquelle les malfrats ont arraché les bijoux. Particulièrement légère et malléable, la couronne a été déformée, aplatie au moment de l’extraction. Elle a été gardée par la police judiciaire comme pièce à conviction et analysée pendant vingt-quatre heures, avant de nous être remise le 20 octobre.» Et d’ajouter : «Il manque quelques petits brillants et un aigle en or, sur les huit qui sont présents sur la couronne. Aucun des diamants de taille importante et aucune émeraude ne manquent. Le globe surmonté de la croix, au sommet de la couronne, est également intact. Elle est donc tout à fait restaurable. (...) Ce ne sera jamais l’état original, mais elle en sera très proche et gardera, bien sûr, sa pleine valeur symbolique.»
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Passer la publicitéPour l’instant donc, la couronne est à la Banque de France, en sûreté. Et elle ne sortira probablement pas de son coffre avant un moment. «Il faudra un peu de temps (...), mais ce sera un très beau symbole de la renaissance du Louvre», a confirmé Laurence des Cars ce matin. Avant de confier la pièce aux meilleures mains, le Louvre doit en tant qu’établissement public faire un appel d’offres, car les restaurateurs du musée (du Centre de recherche et de restauration des musées de France, C2RMF) savent restaurer des peintures et des sculptures, ont des compétences scientifiques qui seront très utiles, mais ne savent pas fabriquer un aigle en or ou sertir des diamants. Ils travailleront donc de concert avec un spécialiste extérieur de joaillerie et d’orfèvrerie.
Pour être en mesure de restaurer la couronne, il faut avoir appris le travail tout à la main, le sur-mesure de la haute joaillerie, quand beaucoup font surtout des reprises de fonte. Chez les joailliers de moins de 50 ans, ils sont peu nombreux...
Une joaillière avertie
«Certaines fuites affirmaient au départ que la couronne n’était pas réparable, mais ce n’est jamais impossible de restaurer une pièce ancienne, raconte de son côté au Figaro une joaillière avertie qui a récemment restauré un diadème princier du XIXe siècle. Ça peut être plus fastidieux, plus long, plus coûteux mais c’est toujours possible. En revanche, peu d’ateliers parisiens de haute joaillerie - parce qu’on ne peut pas imaginer que cela se fasse ailleurs qu’à Paris! - sont capables de le faire. J’en vois quatre ou cinq tout au plus, ceux des grandes maisons historiques de la place Vendôme (comme Cartier, Van Cleef, Chaumet et Boucheron, NDLR) et un ou deux indépendants, maximum. Et au sein de ces ateliers qui concentrent pourtant les meilleurs artisans, tous ne sont pas compétents. Il faut avoir appris le travail tout à la main, le sur-mesure de la haute joaillerie, quand beaucoup font surtout des reprises de fonte. Chez les joailliers de moins de 50 ans, ils sont peu nombreux...»
Il y a fort à parier que, si le musée du Louvre confirme que le bijou est réparable, l’un de ses rares artisans parisiens a déjà eu entre les mains le trésor ces derniers jours pour apporter son expertise. Mais, pour l’instant aucun des ateliers potentiels, de Cartier (Richemont) à Chaumet (LVMH), ne veut confirmer s’il serait intéressé par l’appel d’offres, ou même s’il fait partie des soutiens financiers qui pourraient accompagner cette restauration, à l’instar de Cartier qui avait été partenaire du Louvre pour les travaux de la galerie d’Apollon en 2019. « Nous avons déjà des mécènes qui se sont proposés pour aider à cette restauration », a pourtant précisé la présidente du Louvre ce matin.
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