Annonce attendue de Trump concernant l’autisme: «C’est encore de la poudre aux yeux»

Donald Trump doit s'exprimer lundi depuis le Bureau ovale pour une annonce «majeure» sur l'autisme: un lien existerait entre le Tylenol et un manque de vitamine B9 chez les femmes enceintes avec l'autisme. Plusieurs estiment que cette annonce sera «de la poudre aux yeux».
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C’est ce que soutient l’animateur Charles Lafortune, également papa d’un enfant autiste.
«C'est un peu encore de la poudre aux yeux. Ce qui est le plus triste là-dedans, c'est de donner un peu des faux espoirs à des parents à l'intérieur de ça», a-t-il dénoncé en entrevue au micro de Benoît Dutrizac, à QUB radio et télé, diffusée simultanément au 99,5 FM Montréal, lundi.
L'animateur estime d’ailleurs que ce sont des «solutions et des théories rapides» qui sont mises de l’avant.
«Il y a de la recherche qui se fait depuis des années et des années...et puis on n'a pas trouvé encore vraiment une cause spécifique à l'autisme», a-t-il souligné.
À la même émission, la directrice générale de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, Diane Francoeur, abondait dans une pareille direction: l’autisme n’est pas lié à une seule cause.
«L'autisme pour la plupart du temps, on dit que c'est multifactoriel, a-t-elle expliqué. Ça veut dire qu'il peut avoir plein de raisons: des chromosomes brisés, des expositions à des toxines. Il y a plein de toxines aussi dans l'environnement qu'on n'arrive pas toujours à bien identifier.»
Pas de lien entre le Tylenol et l’autismeSelon Mme Francoeur, il y a toujours des risques, et il est faux de croire que la prise d’acétaminophène (Tylenol) lors de la grossesse a un lien avec l’autisme.
«On a réuni récemment nos experts à travers le Canada pour toutes les études scientifiques afin de voir s'il n'y avait pas quelque chose de nouveau qui avait été publié et la réponse c'est: "non". Présentement, le Tylenol n'est pas dangereux», a-t-elle déclaré.
Madame Francoeur souhaitait souligner que ce n'est pas la prise de Tylenol en elle-même qui peut présenter un danger, mais que tout médicament doit être utilisé avec prudence pendant la grossesse.
«Tout d'abord quand on est enceinte, les médicaments, on en prend le moins possible, même si on ne voit pas toujours l'impact, a indiqué la directrice générale. Parfois, ça va prendre 20 ans avant qu'on s'aperçoive de quelque chose. Donc, c'est pour ça qu'on est extrêmement rigoureux. On ne prend pas des médicaments pour rien quand on est enceinte.»
Et pas de lien non plus avec une carence en vitamine B9Concernant l'acide folique, la chercheure en autisme et professeure adjointe à l'Université de Montréal, Valérie Courchesne, confirme que son ingestion est bénéfique pour les femmes enceintes, mais réfute tout lien avec l'autisme.
«C'est recommandé, même les céréales sont enrichies en acide folique, justement pour prévenir plein de défectuosité du tube neural qui est à un stade très précoce du développement du fœtus. [...] Mais pas nécessairement en prévention de l'autisme. C'est bon pour le développement du fœtus, mais il n'y a pas de preuves», a-t-elle expliqué en entrevue à l’émission de Mario Dumont, lundi.
Dangers de telles annoncesElle demeure donc sceptique à l'approche de l'annonce qualifiée de «majeure» de Trump concernant l'autisme, qu'il devrait faire en présence de Robert F. Kennedy Jr., le controversé secrétaire à la Santé connu pour ses positions antivaccins.
Mme Courchesne met en garde, notamment, de ce genre de discours de la part d’hommes politiques qui revendiquent des choses sans avoir de sources ou données crédibles pour les appuyer.
«C'est extrêmement dangereux pour la santé publique ce type de discours là [...] ça amène des dérives importantes puis des impacts sur la santé publique qui vont être majeurs quand les gens se mettent à écouter ça, parce qu'il y a une certaine autorité, parce qu'ils vont croire qu'est-ce qu'ils disent», a-t-elle ajouté.
Voyez les entrevues intégrales de l’animateur Charles Lafortune, de la directrice générale de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, Diane Francoeur, et de la chercheure en autisme, Valérie Courchesne, dans les extraits vidéo et sonore ci-haut.
LE Journal de Montreal