Lien entre l’autisme et le Tylenol durant la grossesse: «Ça dépasse l’imagination», déplore un scientifique

Le président des États-Unis, Donald Trump, devrait faire un lien entre la prise d’acétaminophène durant la grossesse et l’autisme chez les bébés, s’inquiètent des experts qui rejettent cette théorie farfelue.
«Ça dépasse l’imagination, réagit Laurent Mottron, titulaire de la chaire de recherche en autisme M&R Gosselin, à l’Université de Montréal. On est à un tel point d’ignorance et de malhonnêteté intellectuelle que ça dépasse un peu l’entendement.»
«On semble sauter à des conclusions très hâtives, ajoute Marc Lanovaz, directeur scientifique de l’Institut universitaire en déficience intellectuelle et en trouble du spectre de l'autisme. Le Tylenol n’a rien à voir, ça ne cause pas l’autisme.»
Selon plusieurs médias américains, le président Donald Trump doit faire une annonce en ce sens lundi après-midi au Bureau ovale. Il serait en compagnie de Robert F. Kennedy Jr., le controversé secrétaire à la Santé ouvertement antivaccin.
Dimanche, le président a indiqué devant une foule qu’il ferait une annonce «incroyable» sur l’autisme, qui est «hors de contrôle». Selon la BBC, Trump suggérerait aux femmes enceintes de prendre de l’acétaminophène (Tylenol) uniquement pour soulager les fortes fièvres.
À l’heure actuelle, ce médicament est le plus recommandé aux femmes enceintes pour la douleur et la fièvre; l’ibuprofène (Advil) est déconseillé.
Selon le Washington Post, les autorités américaines recommanderaient aussi un potentiel traitement pour l'autisme avec la leucovorine, un dérivé de l'acide folique qui sert à contrebalancer des effets secondaires dans certains cas.
«Ce n'est pas du tout crédible», réagit sans détour Marie-Claude Lacourse, pharmacienne à Saint-Philippe.
Plus tôt cette année, M. Kennedy avait déclaré que l’autisme était «évitable» («preventable»). Il a réfuté les arguments scientifiques, soulignant que: «les gènes ne causent pas d’épidémie. Ça prend une toxine environnementale», rapportait le New York Times.
«C’est afficher un mépris et une incompréhension de ce qu’est la science. Ce que ça nous apprend, c’est que le gars est un imbécile, dit M. Mottron. Ce qui me terrifie, c’est que quelqu’un qui est capable de dire une chose pareille, qu’est-ce qu’il est capable de faire?» questionne-t-il.
Une réalité «familiale»L’an dernier, une vaste étude suédoise a montré l’absence de relation entre la prise d’acétaminophène durant la grossesse et l’autisme. Selon M. Mottron, l’autisme est «familial». Environ 1% des enfants sont atteints sur la planète.
«Il y a des familles qui sont prédisposées, qui ont plus de chances d’en avoir que d’autres. Quand on a un enfant autiste, on a 25% de chances que le deuxième ou le troisième soit atteint, explique le spécialiste, soulignant qu’il ne s’agit pas d’une maladie.
«C’est comme le fait d’être gaucher, c’est familial», résume-t-il.
Le 12 septembre dernier, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) a réitéré que l’acétaminophène «n’augmente pas les risques pendant la grossesse» et encourage encore les femmes à prendre ce médicament, selon la posologie.
Aux États-Unis, les diagnostics d’autisme ont quintuplé depuis 25 ans, rapporte le New York Times, une hausse attribuable à un meilleur dépistage.
Plus de détails à venir.
LE Journal de Montreal