Un jeune autiste isolé et négligé au CIUSSS de l’Estrie: sa famille porte plainte

Le CIUSSS de l’Estrie CHUS a fait l'objet d'une plainte et d'une investigation après avoir isolé et négligé un jeune homme atteint d’autisme sous leur responsabilité, ce qui a entraîné une détérioration de son comportement.
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La famille de Guillaume Pépin, un jeune homme autiste de 18 ans, pensait bien faire en le confiant à une résidence d’assistance continue, estimant lui offrir un environnement adapté à ses besoins. Mais la réalité a été toute autre.
À la résidence d'assistance Lisieux, le jeune homme aurait passé plusieurs mois enfermés dans une petite pièce, sans autre accès que son lit et quelques crayons. Selon son frère Lou-Siméon Pépin, la situation s’apparentait à celle «d’un tigre dans une cage au zoo».
L’isolement, le manque d’outils de communication et des interventions inadaptées ont provoqué une détérioration rapide de son comportement. Guillaume a connu des épisodes violents, allant jusqu’à s’infliger des blessures au visage. Son père, Nicolas Pépin, l’a retrouvé à plusieurs reprises en sang.
«Tout à l'heure je me suis trompé de sortie sur l'autoroute et Guillaume m’a dit: "Non, non, pas Lisieux, pas Lisieux!" Il est encore terrifié», raconte M. Pépin.
La famille affirme avoir été laissée à elle-même pendant plusieurs mois avant d’obtenir un transfert vers une ressource plus adaptée.
«À force d’avoir le couteau entre les dents... c’est ridicule ce à quoi on a passé, ce que Guillaume a survécu», dit son père.
Aujourd’hui, Guillaume vit dans une autre résidence, où il a retrouvé sa douceur et son sourire taquin. Mais pour ses proches, l’épreuve a laissé des traces.
«Une personne comme Guillaume, qui n’a pas nos ressources, c’est tellement triste. Le but, finalement, c’est que ça n’arrive plus. Parce que ce n’est pas normal», témoigne la famille.
Une plainte a été déposée auprès du commissaire aux plaintes du CIUSSS de l’Estrie CHUS. Une enquête a suivi, menant à certaines recommandations et à des ajustements dans les pratiques de la résidence.
Julie Pearson, directrice adjointe des programmes en déficience et trouble du spectre de l’autisme, rappelle qu’il n’existe pas de solution universelle, mais que les équipes travaillent à adapter leurs compétences aux besoins de chaque usager.
Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a réagi par courriel en affirmant que c’était «complètement inacceptable comme situation».
M. Carmant a indiqué comprendre le désarroi et la colère de la famille et de l’usager.
«Je le dis depuis longtemps: les RAC ne sont plus la solution pour les clientèles TSA avec trouble grave du comportement. Nous avons développé un nouveau type d'hébergement, l'unité de réadaptation comportementale intensive (URCI), qui correspond aux besoins des usagers et que nous allons continuer à développer», a-t-il mentionné dans sa déclaration.
Ce dernier a également réitéré que les employés et les usagers ont droit à un environnement sécuritaire et sain, en tout temps.
«J’encourage fortement le CIUSSS à prendre le virage et nous proposer un projet d’URCI», a ajouté le ministre.
Pourtant, le CIUSSS de l’Estrie CHUS a déjà reçu l’approbation du ministère pour implanter ce type de projet dans la région.
Ce n’est pas la première fois que le CIUSSS de l’Estrie et le ministère des Services sociaux sont pointés du doigt. Récemment, les conditions de vie jugées médiocres dans une unité du centre de réadaptation Val-du-Lac avaient aussi été dénoncées.
LE Journal de Montreal