Voici pourquoi la simple interdiction du cellulaire à l’école ne fonctionne pas, selon une experte

Si l’intention de contrer la dépendance au téléphone est louable, la décision du gouvernement du Québec d’interdire simplement le cellulaire à l’école semble démontrer une incompréhension de la problématique , soutient l’experte en neurosciences et en cyberpsychologie, Mélissa Canseliet.
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«On peut noter un signal clair et la reconnaissance d'un problème majeur [...] Néanmoins d'un point de vue neuroscientifique et psychopsychologique, ce n'est pas du tout suffisant», a expliqué celle-ci en entrevue au TVA Midi.
«Je crois aussi que c'est le constat d'une situation que l'on ne maîtrise pas et qu'il faut absolument adresser», a-t-elle ajouté.
Une dépendance découle de comportements qui se mettent en place à force de répéter les mêmes choses au point où elles deviennent indispensables.
Or, le cerveau atteint sa maturité vers l’âge de 20 à 25 ans.
«Les jeunes sont encore très vulnérables à de potentielles addictions et du coup, ça les rend encore plus vulnérables aux expériences numériques comme les réseaux sociaux en termes de dépendance. Par ailleurs, quand on parle de maturation, ils n'ont pas ce qu'on appelle le cortex préfrontal, cette zone qui a juste derrière le front et qui permet donc d'avoir non seulement un meilleur contrôle de soi, mais aussi d'avoir une meilleure pensée critique», indique Mme Canseliet
«C'est important puisque c'est un système qui se met en développement aussi avec la maturation du cerveau. Et d'une certaine manière, les expériences numériques, notamment les réseaux sociaux avec les notifications, les gratifications instantanées, les contenus hyperstimulants viennent prendre le cerveau jeune comme une véritable proie vulnérable à ces phénomènes de dépendance», ajoute-t-elle.
Comment protéger les jeunes?Pour l’experte, aucune solution immédiate ne peut contrer l’effet du téléphone et des réseaux sociaux chez les jeunes.
«L'apprentissage, c'est autre chose qu'une interdiction. C'est comme un couteau [...] on peut tuer quelqu'un avec un couteau et on peut faire la cuisine. Néanmoins, pour apprendre à l'utiliser, il faut l'avoir dans les mains», explique la spécialiste des neurosciences et de la cyberpsychologie.
«Ces choses-là s'apprennent. Mais effectivement, ça prend du temps et en même temps un temps qui doit être cohérent face à l'ampleur de l'enjeu, qui doit commencer dès le plus jeune âge», ajoute-t-elle.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.
LE Journal de Montreal