Être Portugais n'est pas un droit. C'est un privilège.

Le gouvernement a récemment présenté une proposition de révision de la loi sur la nationalité. Contrairement à la norme des dernières décennies, cette proposition va enfin dans la bonne direction : rendre l’acquisition de la nationalité portugaise plus exigeante : porter la durée minimale de résidence pour la naturalisation de cinq à dix ans, mettre fin à l’attribution automatique de la nationalité aux enfants d’immigrés et exiger la maîtrise de la langue, de l’histoire et de la culture portugaises. Ces mesures, attendues depuis longtemps, sont bienvenues, car elles abordent la question de l’immigration sous un angle culturel, et pas seulement économique.
La révision de la loi sur la nationalité intervient à un moment où le débat public se concentre sur un problème qui ne peut plus être ignoré : l’immigration non réglementée et son impact sur la culture et la société.
Pendant des années, le débat public sur l'immigration a été détourné par une vision économiste et religieuse. « Sans les immigrants, personne ne livrerait de nourriture » ; ou, plus révélateur encore : « Qui travaillera aux champs et ira en mer ? »
Eh bien, remplacez « immigrants » par « esclaves » et vous comprendrez à quel point cette logique est inhumaine et révélatrice. Au XIXe siècle, les défenseurs de l'esclavage le justifiaient aussi (surprise !) par des raisons de commodité économique.
Un autre argument fréquemment avancé dans nos commentaires « spécialisés » est que les cotisations des immigrants sont essentielles au financement de la Sécurité sociale. Et est-ce une bonne chose ? Un pays contraint d'importer de la main-d'œuvre pour maintenir des salaires bas ou maintenir un État-providence.
L’insoutenabilité ne résout pas leurs problèmes, elle les reporte, au détriment de leur cohésion sociale et de la dignité humaine des immigrés eux-mêmes.
Comme si la fonction d’un État souverain était de maximiser les flux de travail, plutôt que de défendre une culture, un mode de vie, une continuité historique.
Il est temps de dire assez à cette vision superficielle.
Le Portugal n'est pas un espace géographique accessible à quiconque souhaite y vivre ou y investir. Le Portugal, c'est son histoire, sa langue, son code moral, sa mémoire commune et, surtout, son peuple. Un peuple qui a bâti une civilisation au fil des siècles, génération après génération, et qui ne peut être traité comme un détail jetable dans un projet d'ingénierie sociale.
C'est pourquoi la loi sur la nationalité doit être conçue non pas comme un instrument d'intégration, mais comme la consécration ultime de cette intégration. La nationalité doit être réservée à ceux qui, par affinité, effort et enracinement, sont véritablement devenus nôtres. Sinon, nous ne ferons que gérer la fragmentation culturelle et sociale de notre pays.
Certains continuent de nous répéter, avec un paternalisme technocratique, que « l'insécurité causée par l'immigration n'est qu'une perception ». Comme si les perceptions collectives n'étaient que des illusions passagères. Or, ces perceptions reflètent de réelles tensions. Alors que des millions de citoyens européens ont le sentiment que leurs quartiers, leurs villes et leurs modes de vie ont été défigurés, il est temps de dire la vérité : le multiculturalisme a échoué.
Le multiculturalisme était une illusion généreuse mais dangereuse, fondée sur l'idée que différentes cultures, valeurs et visions du monde pouvaient coexister indéfiniment, côte à côte, sans friction. Le résultat est évident : enclaves parallèles, ségrégation, conflits latents, hostilité mutuelle et malaise croissant. Aujourd'hui, un consensus de plus en plus large se dégage du monde occidental quant à sa culpabilité. Ceux qui pensent le contraire peuvent en témoigner dans les derniers sondages : les résultats des élections européennes.
Le Portugal n'a jamais été épargné. La différence est que, contrairement à d'autres nations, nous avons encore du temps si nous agissons maintenant. Cela commence par une politique d'immigration limitée, sélective et subordonnée à l'intérêt national, aboutissant à une politique de nationalité exigeante, réfléchie et culturellement ancrée.
C'est pourquoi ces nouvelles mesures gouvernementales, bien que timides, doivent être perçues comme une rupture avec une complaisance latente. Pour la première fois depuis de nombreuses années, l'État semble se rappeler que la nationalité portugaise n'est pas un droit universel, mais un privilège.
observador