Raffaele Ventura, l'ancien terroriste impliqué dans le meurtre de Custra sur la Via De Amicis, a été libéré de prison.

Quelques heures passées dans un commissariat français ne comptent pas comme une interruption du délai de prescription. Raffaele Ventura, ancien membre des Formazioni Comuniste Combattenti, est donc libre, car la peine pour le meurtre d'Antonio Custra à Milan, pour lequel il a été reconnu coupable de « complicité morale », a expiré. C'est ce qu'a décidé la Cour d'assises d'appel de Milan.
L'affaire juridiqueLe 30 octobre 2024, les juges ont déclaré la peine de Ventura expirée , condamné à 14 ans de prison mais ne l'ayant jamais purgée. Le délai de prescription commence à courir lorsque le double de la peine prononcée s'est écoulé, en l'occurrence 28 ans (mais jamais plus de 30 ans). Or, ces 28 ans avaient « expiré » précisément en 2024, la condamnation remontant à 1996.
Le parquet de Milan a toutefois fait appel , invoquant un incident survenu en juillet 2017, lorsque Ventura, qui vit en France depuis plus de 40 ans, s'est présenté à la gendarmerie et a été détenu pendant plusieurs heures. Il ne s'agissait pas d'une arrestation, bien qu'un mandat d'arrêt ait été émis et que l'Italie n'ait même pas demandé son extradition à l'époque.
Toujours d'Italie, en 2020, un document récapitulatif de la situation de Ventura a été envoyé, indiquant septembre 2024 comme date d'expiration (alors future) de sa peine. Ce document ne tenait pas compte de l'expiration présumée du délai de prescription.
Qui est Raffaele Ventura ?Raffaele Ventura vit en France depuis plus de 40 ans, s'appuyant sur la « doctrine Mitterrand », du nom du président français François Mitterrand, selon laquelle le pays transalpin n'accorde pas d'extradition aux personnes condamnées à l'étranger pour des crimes violents mais d'inspiration politique.
En 2021, avec l'opération « ombres rouges » convenue entre la France et l'Italie, il aurait dû rentrer dans notre pays pour purger le reste de sa peine, mais les juges français ils ont nié l'extradition de lui et de neuf autres anciens extrémistes, dont Giorgio Pietrostefani, considéré parmi les instigateurs de l'assassinat du commissaire Luigi Calabresi.
Ventura était membre des Formations Communistes Combattantes, un groupe armé composé de plusieurs anciens autonomistes, qui dans les années suivantes collaboreraient avec Prima Linea.
Le meurtre de la Via De AmicisL'incident pour lequel Ventura fut condamné est l'un des plus célèbres des Années de Plomb. C'est lui qui a inspiré la photographie, considérée comme l'image emblématique de cette période, représentant Giuseppe Memeo (Prolétaires armés pour le communisme) tenant un revolver au milieu de la rue.
Le 14 mai 1977, les autonomistes descendirent dans la rue pour protester contre l'arrestation de deux avocats appartenant au mouvement « Soccorso Rosso » (Secours rouge), survenue deux jours plus tôt. Lors du défilé de la prison San Vittore à la Piazza del Duomo, via De Amicis, les manifestants se heurtèrent à la police anti-émeute, et une fusillade s'ensuivit, les policiers étant visés. Custra fut touché au visage : la balle transperça la visière de son casque et le blessa grièvement. Il décéda à l'hôpital polyclinique le lendemain.
Selon la justice, le coupable était Mario Ferrandi, plus tard membre de Prima Linea, condamné pour complicité de meurtre, tandis que Memeo lui-même et d'autres autonomistes ont été condamnés pour complicité de meurtre, en plus de Ventura.
milanotoday